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So Tippie-cal !
26 janvier 2010

Tippie s'en va en Inde

Cela faisait des mois et des mois que je souhaitais faire ce voyage. Je ne sais combien de fois on m'a fait miroiter une possibilité de faire ce déplacement en Inde, à Mumbai, pour rencontrer mon équipe, assurer la formation des nouveaux, aider les plus anciens à combler des lacunes dans la connaissances des processus pour améliorer leur productivité et efficacité, etc. Tout ça, c'est business, mais bien sûr, moi, c'est l'INDE qui vraiment me tenait à coeur. Retrouver ma "soeur indienne", découvrir, voir, sentir et vivre Mumbai. A défaut de ne pouvoir passer 3-4 semaines à fouler le sol de ce pays, faire des pas de géant en train, pour découvrir différentes régions et provinces... Passer une semaine là-bas, pour le boulot, ce serait déjà tellement, mais tellement fantastique ! 

Et pourtant... Si je vois plusieurs de mes collègues partir régulièrement en voyage d'affaires dans les quatre du monde, moi, je ne devais jamais avoir le droit que de rêver ce voyage. Trop cher. Pas rentable... Il est vrai que mon voyage ne rapporte rien à l'entreprise. En tout cas, pas directement. Pas de nouveau client, pas de nouveau contrat, pas de promesses de belles et prometteuses affaires... Non, au mieux, l'assurance de garder notre client heureux et donc notre contrat intact. Ou peut-être même, avec un client très heureux des bons services dispensées par mon équipe: l'envie de continuer et faire fleurir ses affaires chez nous, et en planter de nouvelles. Mais quoiqu'il arrive, le voyage restait trop cher par rapport à sa rentabilité (supposée) finale. J'ai essuyé un refus après l'autre, sans -la plupart du temps- avoir même initié la demande ou suggéré l'idée.

Depuis des mois, c'est la folie au travail. Quand l'équipe est au complet, quand je ne suis pas non plus prise par mes autres activités (bilans, etc), on s'en sort... Mais dès qu'il y a un absent ou que je tourne le dos plusieurs jours de suite, les casseroles débordent, ça brûle de partout... On se retrouve à sauter partout comme des fous pour éteindre les petits feux.
Ce n'était plus gérable. J'ai posé mes conditions: je voulais une personne de plus et je voulais aller là-bas pour débuter la formation, que cette nouvelle personne parte sur de bonnes bases et cela sans que le reste de l'équipe en souffre... Car une personne qui vient renforcer une équipe, tant qu'elle n'est pas formée, elle est surtout un poids pour les autres et une gêne qui empêche de finir le travail demandé à temps. Faire une formation demande du temps et quand on n'en a pas, d'abord on la bâcle un peu mais les résultats au boulot en souffrent aussi.
Sur ce coup-là, mon manager a été formidable et a joué le tout pour le tout avec le client mais aussi au sein de l'entreprise pour obtenir gain de cause. Et alors, ce fut le jackpot: de quoi, payer une personne de plus et peut-être la possibilité pour moi, d'y aller. Mais là il fallait jouer très serré. D'ailleurs, je ne voyais pas du tout comment je pourrais m'en sortir avec les limites que l'on m'imposait: "Ne vise pas plus de 1000 euros. Bonne chance !".

Hem.

Rien que le vol: 624 euros, pour le moins cher. En vol indirect, via la Suisse.
Ce qui me laissait 400 euros pour le logement... A savoir qu'un hotel convenable à Mumbai, dans un quartier convenable pour une jeune européenne voyageant seule et pas trop trop loin du boulot, c'est 150 euros la nuit. Au bas mot... Les managers, ils descendent (juste 2-3 jours) au Taj Mahal hotel ou quoi... Mais là, c'était même pas une option. :) 
J'ai joué le tout pour le tout, et après 3 jours à me ronger les sangs, j'ai pris une grande inspiration et osé demander à ma soeur indienne si elle voudrait bien me loger quelque temps.
Ah mes amis... !  Ces indiens sont au-dessus de tous. Ils sont d'une gentillesse, d'une générosité mais surtout d'une loyauté sans bornes. Enfin, non, je ne peux pas parler pour tout les indiens (ça fait beaucoup de monde, mine de rien!), mais les collègues, les amis... Shilpi n'était pas un seul instant choquée que j'ai pu lui demander un truc aussi fou. Bien au contraire ! "J'ai cru que tu ne me le demanderai jamais ! C'est fantastique ! C'est splendide. Oui, viens, viens! Quand tu veux.... Mais non! C'est hors de question, tu payes pour ton séjour avec moi !".  Elle m'a touché en plein coeur. Alors que je lisais son message, je revoyais ses yeux noirs brillants, son sourire si pur et innocent, son visage irradiant de bonté.
Toute la beauté du monde dans le regard et le sourire des indiens.

Il n'était pas question pour moi de profiter de la chaleur de sa maison, déranger sa vie et celle de ses parents par ma présence, utiliser eau et électricité sans même les dédommager de tous ces inconvénients. Invité ou non, je me serai sentie vraiment mal de ne pas participer un minimum aux frais de logement.
Il fut convenu que Shilpi me logerait dans un appartement qu'elle loue avec des amis et qui est en ce moment vacant. Je le lui 'louerai' une somme modique à la semaine, ce qui leur permettrait de  payer quelques semaines de loyer.
Visa 250 euros, au moins (quelle idée d'être française et vivre aux Pays-bas!). Transports en commun tous les jours. Boissons et déjeuners. Tout fut calculé au centime près.
Toujours trop cher mais j'y étais presque. 

Presque ! J'avais les dates impeccables qui coincidaient avec les vols les moins chers: entre les bilans, deux semaines après l'arrivée de notre nouvelle recrue, partiellement pendant les vacances de Bibou... Presque réussi à limiter mon budget. Ca s'annonçait vraiment trop bien. Trop beau pour être vrai...
Soudain, ce fut le drame: la nouvelle recrue refuse l'offre d'embauche qui lui est fait. Hier encore, pendant le 3ème entretien par téléphone, elle était si enthousiaste. Je la sentais bien. Elle me semblait prometteuse, une autre perle comme Shilpi, dont nous aurions bien besoin dans l'équipe. C'était la cata ! Son père ne connaissait pas l'entreprise et avait peur qu'elle ne "quitte un emploi stable pour une entreprise inconnue qui ne ferait pas forcément sensation sur son CV et pourrait la lâcher prématurément". Ca aussi, c'est typique de l'Inde. C'est assez triste mais il y a tellement de monde, si peu de jobs. Il faut avoir des notes excellentes à l'école, décrocher un boulot au top très vite et ne plus le lâcher. C'est ainsi qu'on trouve des top managers de 23-25 ans, ce qui ne finira jamais de m'étonner car ici le top s'atteint plutôt avec l'expérience et la maturité. Là-bas, il faut briller dès le début, jouer des coudes pour se faire sa place et ne pas se la faire piquer. Dur dur de leur enseigner le travail d'équipe quand ils sont rodés dès le plus jeune âge à se battre en solo et briller chacun pour soi. Le système de castes est toujours en place, quoiqu'on en dise. 
Mais bon, pour en revenir à ma recrue: j'étais bien déçue. Pas forcément pour le voyage qui se voyait être annulé (ou reporté) mais parce que je la sentais bien et que c'était la seule que j'avais retenue sur la 60aine de CVs reçus... Se retrouver dans cette situation, 2 mois après le début des entretiens et l'idée de devoir reprendre de 0 et repasser 60 CVs en vue... Beuh. :(

J'en recevais déjà 3 nouveaux dans ma boite... Moving on... Je n'osais plus les ouvrir. Il a fallu reprendre son souffle et oser reprendre la "chasse à l'homme". 
L'un a retenu l'attention. Nous l'avons fait venir lundi.... Illico presto ! Le pauvre a passé 3 entretiens en une seule journée.
Dans l'après-midi, je finissais de me laisser convaincre par Shilpi et mon manager que ce garçon serait un bon élément dans notre équipe. J'avais la tête tellement farcie... Je ne savais plus rien. J'avais peur de ne plus être objective entre ma déception de n'avoir pas la fille que l'on avait retenue en premier, mais aussi de par la pression de ce voyage qui devait se décider hier ou jamais (pour avoir les tickets et visa à temps). Quelques plus tard, il acceptait l'offre d'emploi proposée... Mais ça, je ne le savais pas encore !

Partie faire l'escalade du Mont des calories, pendant la soirée, j'avais loupé ces derniers rebondissements. En montant me coucher, passé minuit, je me rends compte que mon ordinateur du boulot est resté allumé. Par habitude, je lis mes nouveaux mails... Mon manager a essayé de me joindre plusieurs fois: "C'est approuvé ! Tu peux aller en Inde !!".

J'ai les larmes aux yeux alors que nous parlons quelques minutes sur le messenger du boulot. J'ai les doigts qui tremblent. Je ris entre mes larmes. Je ne trouve pas mes mots pour le remercier de son aide. Je me sens projetée sur un petit nuage tout tout là-haut... Un nuage que je n'ai plus quitté depuis. J'ai passé la journée à flotter, à planer... Je rêve, je ris, je plane...

En même temps, je n'arrive pas vraiment à me convaincre que je peux maintenant vraiment y croire. Je l'annonce ici, là, partout... Mais je n'y crois pas encore complètement. Trop peur que finalement, il y ait encore un couac, un caillou dans l'engrenage... 

Ce matin, j'ai assuré la réservation des tickets, je me suis renseignée de la procédure pour l'obtention du visa (jeudi à Amsterdam), les vaccins (lundi 5 février), les assurances (en cours)... Je ne sais plus trop où donner de la tête.  C'est pas que tout me passe 'au-dessus'.. C'est même pas possible. Tout me passe en-dessous en fait... :) 

Je suis tellement bien sur mon nuage, je ne voudrais plus le quitter jusqu'à ce que j'atterrisse là-bas, à Mumbai.

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Commentaires
T
Est-ce que quelqu'un connait ce livre? <br /> Est-il bien?<br /> <br /> http://www.amazon.fr/Bombay-Mumbai-tendresse-Raïssa-Brégeat-Padamsee/dp/2862609765/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1264629603&sr=8-1
G
Ne descends pas, apprivoise-le et emmène-le partout avec toi !
T
Vos messages et votre joie partagée font chaud au coeur.<br /> Je ne descend toujours pas de mon petit nuage... :)
R
Tu vas te régaler, à tous les sens du terme : transposition dans un univers indescriptible (bruits, odeurs, couleurs, langue, architecture, culture), nourriture merveilleuse (si pas trop spicy), gentillesse absolue (les plus beaux sourires du monde). Je suis heureux, très très très très très heureux pour toi.
G
Ah, comme je suis contente poour toi ! c'est formidable ! tu vas faire plein de photos, rencontrer des gens adorables, te régaler de plats yummy, tout ça ! et en plus tu nous raconteras tes aventures ...je vois déjà l'album : 'Tippie en Inde", waouh !<br /> Pendant que tu y seras, essaie de te faire pousser quelques bras en plus, comme les déesses de là-bas, ça te sera bien utile au retour avec tes multiples activités ...
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