De Noël au jour de l'Anna
C'est complètement débile mon titre. Mais c'est sans importance.
Et puis, il faut me pardonner, ça doit être ces espèces de bruits et sons bizarres qui me parviennent de chez les voisins, qui me distraient et m'embrouillent les idées. Je n'oserai nommer ces "bruits" de la musique, ce n'est ni vraiment nautique, ni aérien, un peu entre les deux, des tttzzzwouing et ttzzzongg et blouuuuuubloublouuuunnngg...?! J'imagine ma voisine en train de voler ou faire la brasse dans son bureau. A moins qu'elle ne médite? Il est impensable qu'elle puisse faire une activité aussi terre-à-terre que repasser son linge ou trier ses chaussettes au milieu de ces bruits. De toute façon, son linge aussi il doit être en gravitation, là. Tzzzouunggg... Bllllonnnngg.... Tiguidiguidiinnng...
Bref! C'était pas du tout de ma voisine que je venais vous parler ce soir. (Mais sans dec', ça me donne le frisson sa musique venue d'ailleurs!). En fait, je voulais vous parler de livres. Je les ai comptés à l'instant (juste avant d'enter dans le Temple avec ma voisine): il y a en précisément 44 (quarante-quatre!) qui m'attendent bien sagement, tous couchés sur le flanc, sur le devant de ma bibliothèque.
Les livres debouts, au fond, derrière, ce sont ceux que j'ai lu déjà. Récemment ou il y a très longtemps (des fois même depuis si longtemps que je ne m'en souviens plus du tout et me demande si je ne devrais pas les coucher sur le devant avec les 44 autres...). Je n'ai pas assez lu l'an dernier. Et pire, j'ai eu moins de temps pour lire mais j'avais encore plus envie de lire que l'année d'avant; alors j'ai continué d'acheter tout en sachant que je ne pouvais pas prendre (ou ne prendrais pas) le temps de lire tout ça. Je ne faisais qu'empiler de nouveaux livres les uns sur les autres et ça ne calmait pas du tout ma soif de lecture... bien au contraire ! Plus j'en achetais, plus je voulais lire et comme je n'en avais pas le temps, eh bien j'en achetais plus encore! Un cercle vicieux.
Je me le suis promis: 2010 serait l'année du "cul" de la culture. Culture physique et sportive. Culture de ma culture générale, intellectuelle. Culture des mots... Je vais faire travailler les muscles et les neurones. Je vais apprendre, sortir, découvrir, lire et écrire !
Déjà mon grand projet d'une lettre par jour (j'y reviendrais peut-être une autre fois, si je ne le laisse pas com
plètement tomber d'ici peu) n'a pas encore commencé qu'il capote déjà... J'ai plein d'idées, p
leins d'envies, mais pas le temps. Ce maudit temps après lequel nous courrons tous. Et plus encore quand, comme Tippie, on accumule les hobbies, les plaisirs et les envies. Comment caser toutes ces bonnes et belles résolutions sur une journée sans être à la retraite?! D'ailleurs, je me fais rire: on est le 5 janvier et je n'ai pas fait 10 minutes de sport cette année. Je n'ai pas écrit la moitié des logs, lettres et mails que j'avais en tête. Je n'ai pas fini de trier et imprimer les 4500 photos dont je me suis promise de m'occuper "first thing in 2010 !!"... Et ce n'est qu'un aperçu !
Bon, quand même, j'ai lu deux livres. Enfin, non, un et demi. Mais je ne me fais pas de soucis, l'autre moitié du second sera "avalé goulument" en un rien de temps, tellement il me plait!
Ah oui, juste pour précision, ces deux livres ne font pas partie des 44 livres mis de côté "to read in 2010"... L'un, je l'avais pêché dans une bibliothèque de maman, juste avant de quitter sa maison et l'autre, c'est une re-découverte un peu inopinée. Un concours de circonstances en fait.
Pour le premier, c'est sa finesse (enfin, sa platitude... Niveau format!) qui m'a attirée. Et puis le titre: "Poèmes en vrac", de Noël Messiaen (j'espère ne pas me tromper d'orthographe, je ne l'ai plus sous la main). Maman m'avait prévenu, tout de même, avant de me laisser filer avec ce livre: "Ce sont mes parents qui me l'ont rapporté d'un 'congrès'... Ou je ne sais plus quelle sorte de réunion ou rassemblement". Ses parents, je le dis sans honte ni jugement, sont communistes. De fait, ça m'a fait sourire et, curieuse, je me suis plongée dans ces poèmes en vrac sur le chemin du retour vers la Normandie.
Hum... ouais. Il est vrai que si je n'avais pas été prévenue, je me serai un peu demandée comment ce livre aurait pu arriver sur les étagères de maman. On sent bien la haine envers les Riches, la lutte, la soif de vengeance des 'classes inférieures', le petit cheminot ou employé d'usine qui trime, qui trime et qui se fait toujours inéluctablement bouffer par ces gros rats de Patrons. Je fonce dans le cliché, je fais exprès... Je suis trop détachée de la politique pour en parler bien. D'ailleurs, je n'y connais rien. Mais il y a d'autres points par contre qui m'ont touchée, c'est la sensibilité, le côté humaniste (mais que je trouve malheureusement trop limité et partial), le besoin de corrélation avec la nature, voir, sentir et comprendre sa beauté, s'en attendrir, s'en nourrir. En lisant certain
s poèmes je me sentais interpellée, me demandant soudain si je n'avais pas un peu le gène coco, moi aussi? Et puis non. Non, vraiment. Trop de lutte, trop de haine dans le propos, trop de rancunes, de rancoeur. Trop extrême, pour moi.
Je n'ai finalement retenu que 5-6 poèmes sur tout le livre, mais il m'a appris quelque chose, sur moi un peu, sur d'autres aussi. Voilà, pas un grand classique, pas un livre qui va changer votre vie, vous émouvoir aux larmes, aux rires... Mais en le refermant, je me suis dit: "C'est bien. Le premier de l'année, et c'est bien de commencer comme ça".
Le second livre, j'en ai entendu parler pendant les vacances: Anna Gavalda - "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part". C'est S. qui avait pour instruction de le lire pendant les vacances de Noël pour un devoir d'école, enfin, pour faire une fiche de lecture. Me souvenant soudain que j'avais ce livre aussi chez moi et voyant son air un peu "barbé" devant cette lecture forcée, je lui dis qu'il est vraiment très bien et qu'elle ne regrettera pas du tout de l'avoir lu (ou d'avoir du le lire, disons).
-"Ah oui? Tu as bien aime?".
Soudain, j'hésite. Oui? Enfin, oui, je crois? Enfin, l'ai-je seulement lu, comme je le pense? Impossible de me souvenir du contenu du livre! Ce n'est qu'en rentrant à la maison que ça m'est revenu: alors non, je n'y étais pas du tout! Ce livre, cette auteure, j'en ai entendu le plus grand bien, mais non: je ne l'avais pas encore lu. C'est ma meilleure amie qui me l'avait offert, pour un anniversaire, en même temps qu'un livre de Levy (que je n'ai pas non plus lu, d'ailleurs!) au moment où j'étais enceinte... Fin 2002 donc. J'avais commencé Levy et vite laissé tombée, trop occupée à l'époque par mon ventre qui s'arrondissait et ce qui pouvait se passer dedans... Manquant beaucoup de maturité et aussi plus simplement: d'intérêt pour autre chose que mon nombril, je lisais peu, je m'informais encore moins... Enfin, bref ! Je ne vais même pas partir sur ce sujet sinon on en a pour la nuit (!) mais donc voilà à cet âge (ou période), je n'étais pas prête pour ce genre de littérature et ma foi, c'est bien que je ne me sois pas "forcée" car je serai certainement passée complètement à côté du livre, lisant les mots sans les assimiler.
Mon amie Lucile, c'est à peu près tout mon contraire. C'est une personne réfléchie, posée, mature. Enfin, à l
'époque où l'on s'est connue, déjà... Je veux dire! On avait 14 ans, vous voyez. Moi, donc: "coquille vide", naïve, un peu niaise aussi (faut bien l'avouer), un peu tête en l'air, tête de linotte, distraite, pas superficielle mais légère, dépassée par tout en fait. Hyper-sensible, hyper-émotive et sans aucune confiance en moi. (Qui vient de s'écrier "Looooooooserrrr !" ? T'vas voir ta gueule à la récré, toi!). Et Lucile, c'était tout le contraire. En tout cas, à mes yeux. Et c'est bien pour ça qu'elle m'attirait autant et que c'était mon idole. ;-)
Lucile, elle sait aussi bien mieux parler des bons livres que moi. Elle trouve les mots justes, les jolis petits mots délicieux qui parlent si bien du livre que déjà on se régale avant même de commencer. Et de fait, ce sont ces mots à elle que je citerai ici pour parler du livre d'Anna Gavalda "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part".
Voici ce qu'elle m'écrivait sur la couverture:
"Ma Tiph, ces nouvelles sont des perles. Une à une on les découvre, on les lit, pas trop vite, on s'en délecte comme autant de bonbons au goût sucré de la nostalgie ou de l'espoir. Une livre à l'image de la sensibilité féminine.
J'espère que tu prendras autant de plaisir que moi à suivre ces lignes. (...)".
C'est tout à fait ça. Et j'en profite alors pour la remercier chaleureusement (même si vraiment sur le tard!) de m'avoir offert ce petit bijou, qui continuera de briller longtemps dans ma bibliothèque.